Bilan du séjour solidaire au Sénégal en 2020
• Du 8 février au 23 février 2020
• Deux filles et un garçon âgés de 16 à 18 ans
• Deux filles et un garçon de plus de 18 ans
• Trois permanents tous éducateurs spécialisés (deux hommes et une femme)
L’idée du chantier international au Sénégal est née en 2016 avec une offre d’intégration au projet déjà bien avancé à notre équipe de prévention spécialisée par le directeur de l’Espace Ludo situé rue Bouret dans le 19° arrondissement et géré par l’association Espace 19. Malheureusement et malgré l’implication d’un groupe de jeunes issus de la cité des Chaufourniers, ce projet n’a pu aboutir suite à des problématiques internes à Espace 19. Ce premier groupe s’est découragé mais un autre groupe de jeunes s’est montré intéressé par ce type d’initiative.
Ces jeunes filles et garçons tous scolarisés en lycée professionnel sont bien connus de notre équipe et rencontrent des parcours scolaires difficiles et des difficultés à s’échapper physiquement et mentalement du quartier. Nous avons donc décidé de nous emparer de cet élan vers l’extérieur et proposer diverses actions afin de vérifier leurs motivations.
Nous les avons d’abord accompagnés à la restitution d’un projet solidaire au Maroc par l’équipe Orillon et présenté à la mairie du 11°. Enthousiasmés par cette restitution et encouragés par leur famille ils ont su s’investir dans l’élaboration du projet en participant à de multiples évènements (organisation d’une brocante boulevard de la Villette, vente de boissons, merguez crêpes lors des fêtes de quartier, dans des foyers et à la Maison des Métallos). Ils ont aussi travaillé durant deux semaines chacun pendant la période des vacances scolaires, dans le cadre de chantiers éducatifs avec Paris Habitat tels que des restaurations de cages d’escaliers, une fresque murale dans un local associatif et enfin des fresques murales en extérieur dans la rue. Ils ont tous reversé leur salaire pour le séjour solidaire.
Plusieurs réunions et un week-end de préparation à Montaure en Normandie se sont tenues avec le responsable de l’association l’Antre-Parenthèse, organisateur du séjour au Sénégal. Elles ont permis d’évoquer l’intérêt et le déroulement du séjour. Les familles très participatives ont su nous faciliter la tâche pour toutes les démarches administratives tout au long de la préparation du séjour. Malheureusement, trois jeunes au dernier moment n’ont pu partir ayant pourtant participé à toutes les actions de préparation. Le premier s’est vu dans l’obligation impérative de finaliser les deux dernières semaines de stage obligatoires à l’obtention du baccalauréat qu’il n’avait pas pu effectuer en décembre à cause des grèves. Malgré notre intervention, aucune dérogation n’a été possible. Quant aux deux autres, ils ont été absorbés par leurs problématiques personnelles et ont été empêchés.
Durant tout le séjour nous avons été surpris par l’engagement des jeunes, leurs potentialités d’adaptation et leurs capacités relationnelles. Ils ont su créer du lien avec l’ensemble des partenaires rencontrés (techniciens et ouvriers du bâtiment, directeur et instituteurs de l’école, les jeunes scolarisés en école élémentaire et l’ensemble des personnes rencontrées dans l’ espace social). Ils ont même été porteurs de projets, encouragés
par le directeur en sensibilisant les jeunes à la collecte des déchets dans les classes mais aussi aux abords immédiats de l’école.
Même si quelques problèmes d’organisation inhérents au contexte sont apparus, le chantier (peinture et maçonnerie de toute l’école) s’est bien déroulé et a été finalisé. Les jeunes ont su faire preuve d’une belle énergie et avaient à cœur que les travaux soient bien réalisés. Il faut dire que l’appui de l’association l’Antre- Parenthèse a été primordial et essentiel pour le bon déroulement du séjour et du chantier. Nous avons été accompagnés dans l’ensemble des activités par son responsable et avons pu apprécier sa disponibilité, son sens organisationnel et sa capacité à faciliter les liens et les contacts avec la population locale.
Les jeunes ont aussi découvert la vie de Dakar à travers la visite de deux grands marchés et de quartiers spécifiques. Nous nous sommes aussi rendus dans une magnifique réserve animale pour sortir de l’environnement très urbanisé de Dakar. Les jeunes ont été marqué par la visite de l’Ile de Gorée au cours de laquelle un guide leur a expliqué l’histoire de l’esclavage. Nous les avons aussi sensibilisés à la problématique des très nombreux enfants des rues en passant une journée à « Village Pilote », foyer les accueillant et proposant de la scolarité et des formations. Ils ont participé à ces activités éducatives et pédagogiques.
Ils reviennent donc de ce séjour fortifiés, fiers de ce qu’ils ont accompli et enrichis par l’expérience vécue. Nous pensons les avoir fortement aidés à trouver des réponses à leurs préoccupa ons et leurs problématiques en les ayant extirpés du quartier. Ils ont pu ainsi relativiser et se distancier et par là même faciliter leurs réflexions et leur capacité à se projeter dans l’avenir.
Au-delà de ces six jeunes, avec lesquels nous poursuivrons les accompagnements éducatifs, nous constatons déjà à travers les nombreuses sollicitations des jeunes du quartier l’écho de ce chantier solidaire. Ils expriment l’envie de sortir du quartier, de vivre des expériences enrichissantes et de s’impliquer dans des actions citoyennes. Nous souhaitons donc dans le cadre de la restitution du séjour en direction des familles et des jeunes du quartier fortifier cet élan. Nous envisageons donc de reconduire cette riche expérience en apports et enseignements pour les jeunes dans les deux prochaines années. Nous solliciterons bien évidemment de nouveau l’association l’Antre-Parenthèse qui nous a donné satisfaction à tous les niveaux.
